L’épuisement professionnel des kinésithérapeutes à l’heure de la COVID

Publié le : 01/03/2021 16:04:22
Catégories : Mon cabinet Rss feed

Selon une étude* menée entre juin et octobre 2020 par le cabinet Stimulus pour le compte de la caisse de retraite des auxiliaires médicaux libéraux (Carpimko) 32 % des masseurs-kinésithérapeutes présentent des manifestations de burn-out.

Stress, charge mentale importante, déséquilibre entre vie pro et vie perso et maintenant, contraintes du protocole sanitaire de la COVID 19…

Nous avons cherché à savoir comment les kinés appréhendent au quotidien la crise sanitaire et si celle-ci pouvait accroitre les risques de burnout.

Le point sur le syndrome de l’épuisement professionnel :

 

Qu’est-ce que le syndrome de l’épuisement professionnel ?

L’épuisement professionnel ou burnout concerne plus généralement les professions qui requièrent un fort engagement personnel.  

Il s’agit de réactions faisant suite à des situations de stress intense et répétitif dans le cadre professionnel. Cet ensemble de réactions est lié à un investissement personnel et affectif important dans son travail.

Quels sont les symptômes ?

Le syndrome d’épuisement professionnel se manifeste par des symptômes à la fois psychologiques et physiques.

Dans le cadre d’un burnout, on distingue souvent 3 phases.

  • Une sensation de vide, d’épuisement émotionnel intense
  • Une insensibilité au monde environnant, à ses patients, son entourage voire une forme de cynisme dans la relation à l’autre et à son travail.
  • Un sentiment d’échec par rapport à sa mission, de non-accomplissement et de dévalorisation.

Les différents facteurs qui accroissent le risque de burnout :

Le manque de confiance en soi, l’incapacité à poser des limites dans son travail, une trop grande exigence envers soi-même ou encore un emploi du temps surchargé en dehors du travail sont des facteurs qui augmentent les risques  d’épuisement professionnel. 

On entend souvent les kinés dire qu’ils ont à cœur de faire plaisir à leurs patients en acceptant parfois d’entrer dans un rythme intenable ce qui correspond certes à une conscience professionnelle élevée mais contribue à faire monter la pression.

Quelques conseils pour éviter l’épuisement :

  • Soyez réaliste quant aux objectifs que vous vous fixez.
  • Ne vous laissez pas entrainer dans un rythme de travail trop intense – Gardez la maitrise de votre planning.
  • Gardez des moment de repos – Consacrer tout son temps et toute son attention à ses patients est un écueil très fréquent chez les kinés. 
  • Prenez le temps d’échanger régulièrement avec vos confrères

 

 Alexandra Tufa, Daniel Van Wonterghem,  Fabrice Coustes : 3 kinés, 3 façons de vivre cette période

 

        La situation de crise sanitaire dans laquelle nous vivons depuis plus d’un an a contraint de nombreux professionnels à changer leur manière de travailler. Ces changements, ainsi que l’incertitude qui règne quant à la possibilité ou non de continuer à exercer leur profession malgré la crise ont pu générer du stress et une augmentation significative de la charge mentale chez les kinés.

Nous avons interrogé des kinésithérapeutes pour savoir comment cette période si particulière à impacté leur profession.

 

Crise sanitaire de la COVID 19 : différentes manières de percevoir ses effets

 

Les professionnels que nous avons interrogés nous ont confié avoir ressenti plus de stress, notamment au début du premier confinement. Pour Alexandra Tufa et Daniel Van Wonterghem ce stress était surtout généré par la baisse de revenus qu’ils ont subie, mais aussi par le manque d’information concernant la dangerosité du virus. Alexandra Tufa nous a confié avoir même ressenti des symptômes physiques liés à ce stress tels que « des douleurs cervicales, des maux d’estomac ». 

D’autres, comme Fabrice Coustes, kinésithérapeute à Givors, n’ont « pas ressenti de fatigue physique ou psychologique en lien avec la crise sanitaire », selon lui, le syndrome d’épuisement professionnel, parfois rencontré chez certains de ses confrères, serait plus généralement lié à la pratique libérale du métier de kinésithérapeute.

 

Des patients qui ont besoin d'être rassurés

 

            Désormais autorisés à recevoir leurs patients, les kinés sont néanmoins soumis à de nombreuses contraintes en matière de prévention des risques de contamination (gestes barrières, distanciation sociale, nettoyage du matériel et du cabinet…). Si certaines règles sont parfois difficiles à appliquer soi-même, notamment le port du masque en permanence, il faut aussi parfois les faire appliquer aux patients. Cela peut vite devenir pesant, comme nous l’explique Daniel Van Wonterghem qui « en a marre de passer pour le méchant » lorsqu’il rappelle aux patients que le port du masque est obligatoire dans son cabinet.

Pour Fabrice Coustes, la mise en place d’un nouveau protocole sanitaire « a permis de rassurer les patients et de renforcer le climat de confiance ». C’est lorsqu’il a été testé positif au variant anglais que la fatigue est devenue une réalité : « cela m’a incité à renforcer le protocole sanitaire. J’ai apporté des améliorations au système de ventilation de mon cabinet, j’insiste pour que chaque patient vienne seul et suis vigilant sur le respect des gestes barrières et le port du masque. » Des patients qui sont également  « plus inquiets, et qui demandent plus de temps et d’attention » selon Alexandra Tufa. 

 

 

Un impératif : prendre soin de soi

 

            Afin de mieux gérer le surcroît de stress et de fatigue généré par la crise sanitaire, les professionnels que nous avons interrogés agissent de différentes manières. Pour Fabrice Coustes, il s’agit avant tout de mettre en place un protocole sanitaire strict et de le respecter, un protocole d’autant plus nécessaire qu’il a lui-même été testé positif au variant anglais De la COVID. Il souligne également l’importance pour les kinés « de prendre du repos quand cela est nécessaire, et de trouver un équilibre entre vie pro et vie perso ».

Alexandra Tufa est elle aussi consciente de la nécessité de prendre soin de soi en période de stress, pour cela, elle a recherché un soutien psychologique et elle « essaye de se reposer au maximum et de voir un ostéopathe régulièrement ». Enfin, pour éviter le surmenage, Daniel Van Wonterghem a décidé de faire le tri dans ses patients.

   

*https://www.previssima.fr/files/previssima/documents_pdf/autres/rapport-etude-penibilite_carpimko.pdf

Caroline PASQUET.

 

Partager ce contenu